Progobain… l'école de Saint Gobain

Cette année, Verallia-Saint Gobain fête ses 50 ans à Châteaubernard. L’occasion pour les  nouveaux “Verallia” et les anciens “Saint-Gobain” de parcourir leur histoire, s’étonner, se souvenir….

T’es un “Progobain” toi ?

Chez Verallia – ex Saint-Gobain Emballage- cette question se posait souvent entre collègues. Puis le temps passant, les « ProGobain » finissaient tous par être connus.

Non, ce n’est pas une catégorie de gens qui votent Saint-Gobain comme le langage actuel pourrait le laisser penser, mais des ouvriers du verre qui ont connu une jeunesse très différente des jeunes de leur âge. A l’image des footballeurs professionnels, ils ont du très jeunes quitter le cercle familial et les amis pour partir en formation.

En effet, devant le manque de personnel ayant une qualification verrière, la direction des Manufactures de Saint-Gobain décide de créer en 1943 deux écoles privées techniques, une près de la glacerie de Chantereine ( Thourotte dans l’Oise), l’autre près de la verrerie de Chalon sur Saône  ( Saône et Loire ). Souvenons nous aussi qu’à l’époque, à Cognac, dans le haut de Saint-Jacques, la verrerie Claude-Boucher fabriquait ses bouteilles.

Dès leurs 14 ans, des jeunes de Cognac ou des environs, fils d’ouvrier de la verrerie ou pas, partaient en formation pour apprendre un métier. A Angers et Arlac, près de Bordeaux, d’autres jeunes faisaient la même démarche.

C’est pourquoi après la réunion de ces trois centres de production à Châteaubernard en 1963, on retrouvera beaucoup plus de ProGobains ici que dans les autres verreries du groupe.

Et cette formation spécifique alors ?

Le candidat reçu à l’examen d’entrée, recevait de l’association ProGobain, avant même son arrivée au centre, un contrat d’apprentissage en bonne et due forme, lui offrant sous la seule réserve de l’obtention d’un diplôme, la garantie d’un emploi.

De 1943 à 1967 la formation s’est étalée sur trois années, puis de 1969 à 1978 sur deux années seulement. Dispensé par l’encadrement des usines proches des deux centres, l’enseignement était semblable à celui des écoliers ordinaires. Par contre s’y ajoutaient des matières spécifiques comme la technologie verrière, la physique… Des stages systématiques dans les usines toutes proches comblaient la durée des vacances scolaires. L’apprenti était alors affecté comme apprenti maçon fumiste (spécialiste des fours), mécanicien, ajusteur outilleur, ou encore dépanneur de machine de verrerie.

Cette formation était totalement prise en charge par Saint-Gobain.

En 1951, un changement intervient dans la chaine de formation: désormais la SEVA de Châlon-sur-Saône (Société d’Etudes Verrières Appliquées) assure essentiellement les fabrications de machines tandis que Chantereine est consacrée aux métiers propres du verre. Le secrétariat d’Etat à l’Enseignement technique crée deux CAP, celui de maçon fumiste et celui de mécanicien verrier. La vie quotidienne du jeune en formation ne change pas pour autant.

Et la vie au centre c’était comment ?

Garantie de bonne qualité, l’éducation dispensée au jeune sorti du cercle familial était assurée par d’anciens militaires n’hésitant pas à faire refaire un lit au carré, ou faire re- cirer des chaussures pas bien nettes. Des inspections de chambres et d’armoires étaient effectuées assez fréquemment. Rappelons que ces jeunes avaient entre 14 et 17 ans. Aujourd’hui adultes, ils gardent tout de même un bon souvenir des professeurs et des moniteurs et des personnels d’encadrement. Même si les permissions de retour au foyer ne s’offraient que tous les 3 mois pour les internes les plus éloignés…

Les sorties n’avaient lieu que le dimanche pour aller au cinéma, en rang et accompagné, ou pour aller jouer au football dans le club local, à condition toutefois d’avoir satisfait durant la semaine écoulée à toutes les demandes des professeurs ou moniteurs, et de ne pas avoir à honorer des heures de colle pour indiscipline ou mauvais résultats scolaires ou professionnels.

Malgré cette rigueur, le nombre de candidats grandit au fil des années. Les garanties d’emploi données au départ, les conditions d’hébergement et l’ambiance des centres, la qualité de la formation et de l’éducation qui y étaient dispensées, ont fait que chaque année le nombre de candidats au concours d’entrée est devenu de plus en plus considérable.

Le nombre d’admissions était cependant conditionné, non seulement par la capacité du centre, mais aussi par les garanties d’emplois faites pour la sortie. On comptera en moyenne 4 à 5 candidatures pour une admission. D’où une forte sélection qui n’est sans doute pas étrangère à la qualité des apprentis ProGobain.

Et maintenant ?

Même si la formation acquise sur certains matériels et machines de l’époque n’est plus directement applicable, elle a sans aucun doute favorisé l’adaptation à des matériels et machines nouvelles. Le verre reste le verre…

Après 1968, le niveau requis pour l’entrée à l’école devient le BEPC, et par voie de conséquence, l’âge des candidats est un peu plus avancé.

Pas mal d’entre eux ont occupé ou occupent encore des postes à responsabilité dans leur unité de production. Ils sont en effet quelque 500 élèves à avoir suivi ce même cursus. Ils se connaissent ou se reconnaissent bien les uns les autres. Une complicité supplémentaire qui les relie au sein de la grande famille des verriers.

C’est un vrai plaisir et une grande fierté pour les ProGobains d’évoquer cet enseignement, de se remémorer ces années de jeunesse et de rencontre.

Un mot clé : l’équipe

ProGobains ou pas, ces verriers d’hier et d’aujourd’hui ont orienté leur vie de travail, de loisirs, de famille autour de ce mot qui rythme les jours, les semaines, les mois, les années : « l’équipe », ceux qui unissent leurs efforts, ceux qui sont très liés, prend tout son sens dans le monde de la verrerie.

Tous les deux ans, les ProGobains se retrouvent tous (dans la mesure du possible) lors d’un rassemblement sur un des sites français des verreries Verallia.

En septembre 2013 la délégation de ces verriers dans l’âme se réunira à l’initiative de Jacky Tanzilli à Châteaubernard. Elle sera accueillie à la mairie pour un pot de bienvenue.

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