ARCHEOLOGIE
Des fouilles archéologiques ont été menées à des époques diverses à la Trache, l’Echassier, la Combe des Dames, Dizedon…
A la Trache, une première grotte fouillée vers 1890 aurait révélé une riche industrie magdalénienne (entre 17 000 et 10 000 avant J.C.) dont nous n’avons plus trace.
Dans ce même secteur existe une seconde grotte. Elle avait été murée à la fin du XIXème afin d’en interdire l’accès aux mauvais plaisants qui s’y cachaient la nuit pour effrayer les passants.
En 1959, deux jeunes spéléologues amateurs forcent l’entrée et découvrent un squelette du néolithique accompagné d’une « lance en bronze », en réalité un long poignard en cuivre. Cette grotte à inhumations fait alors l’objet d’une fouille méthodique. Le mobilier archéologique mis au jour date de l’Age du Bronze Ancien. Il est en partie conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Cognac.
La grotte n° 2 de la Trache Claude Burnez Bulletin de la Société préhistorique française 1962
Toujours à la Trache, un éperon barré témoigne de l’existence d’un habitat fortifié dès la fin du néolithique. Les sondages menés en 1989 montrent les restes d’un rempart semi-circulaire et d’un fossé de 100 mètres.
Au Fief du Roy, en 2009, le chantier de Bellevue révèle les traces d’anciens fossés rectangulaires et circulaire susceptibles de correspondre à des nécropoles de l’Age de Bronze et du premier Age du Fer, soit entre 1200 et 600 avant JC pour la région.
A la Pierre Levée, dans le quartier de la Combe des Dames, se trouve un dolmen datant de 2400 avant J-C qui aurait été déplacé. Sont d’origine la table et un orthostate (pierre dressée).
Ils ont été remontés en 1976 avec deux orthostates neufs.
Dans ce secteur, on a également trouvé des vestiges de constructions gallo-romaines, avec des fossés comblés au II ème siècle.
Encore à la Combe des Dames, des fouilles menées au XIXème ont conduit à la découverte d ‘une nécropole mérovingienne (colliers, armes, fibules, amphores…).
Une voie romaine – l’actuel chemin de la Pallue- réunissait la voie Périgueux-Saintes (chemin Boiné) à la voie Angoulême-Saintes.
Dans le lit du fleuve, au niveau de l’Echassier, subsistent des traces de pêcheries datées du IXème siècle.
CHAPELLE DES TEMPLIERS
La chapelle des Templiers est le seul vestige de la commanderie des Templiers de Châteaubernard.
Bien qu’il n’existe aucun document attestant sa date de construction, les éléments stylistiques et architecturaux laissent penser que cette construction remonte aux années 1150-1160.
Plusieurs documents de l’époque sont conservés dans les archives départementales. Daté de 1227, l’un d’eux mentionne que l’effectif de la commanderie était alors de cinq templiers, dont un seul chevalier.
Tout comme les autres commanderies de la région, Châteaubernard a souffert de la Guerre de Cent Ans, de la grande peste et de la crise économique qui s’est ensuivie.
Au début du XVème siècle, la commanderie cesse d’être un domaine autonome et est rattachée à Beauvais-sur-Matha.
En 1655, le procès-verbal d’une visite du prieur de l’Ordre mentionne l’état de délabrement du domaine. Seule la chapelle semblait relativement bien entretenue.
A la révolution, le domaine de Châteaubernard est vendu comme bien national.
En 1844, la chapelle est rendue au culte.
A L’INTERIEUR DE LA CHAPELLE…
…on peut voir notamment une inscription liturgique datant de 1531. Il s’agit d’un extrait de l’Apocalypse de Saint-Jean décrivant les quinze signes qui doivent annoncer, accompagner et suivre la fin du monde et un chemin de croix dont voici l’histoire :
Josette Sureau nous parle du Chemin de croix exposé dans l’église de Châteaubernard, aussi nommée chapelle des Templiers…
Ce chemin de croix a été peint par Madame Paulette Magistris de Chaumont. Le père Roger Bertrand fut à l’initiative du projet. Les textes bibliques à partir desquels furent conçues et réalisées les huit stations ont été choisis par lui-même et c’est avec plaisir que j’ai participé à la réflexion et aux choix qui ont été faits. Madame Magistris avait toute liberté pour le graphisme et les couleurs avec lesquelles elle a su écrire toute une catéchèse. Une histoire. Une foi…
Dans ce chemin de croix, on trouve huit stations au lieu de quatorze habituellement. Sur ces tableaux, les événements de la passion ne sont pas reproduits comme on a coutume de le faire.
Dans une étude sur les imagiers et les sculptures de nos églises romanes, l’auteur* écrit : « L’imagier ne représente jamais Dieu dont il ne donne à voir que le symbole, tel l’agneau mystique ou la main bénissante ».
Les artistes du Moyen-Age sont demeurés dans la tradition biblique qui refusait de représenter le tout- puissant. Toute représentation, nécessairement limitée et donc imparfaite, était considérée comme une atteinte à la grandeur et à la transcendance divine. Le symbole contourne cette difficulté.
Dans ces tableaux, pas d’image physique de Jésus, sauf dans deux stations où, par un artifice de l’artiste, la silhouette est intégrée, incorporée à la croix.
Cependant Jésus est présent dans chacune des compositions par un symbole qui traduit bien le sens de sa passion : le grain de blé.
Dans l’évangile selon Saint Jean, on trouve cette parabole du grain de blé où Jésus dit : « Si le grain de blé ne tombe en terre, il meurt, il demeure seul. S’il est jeté en terre, il meurt et il porte du fruit en abondance ».
Jésus s’est comparé au grain de blé et c’est sous cet aspect qu’il nous est présenté. Autre image symbolique qui illustre combien il est nourriture donnée, offerte, pour notre vie pour notre route : Jésus est né dans une crèche, une mangeoire, dans une ville qui porte le nom de Bethléem. Or en hébreu, Bethléem signifie la maison du pain.
Jésus est ainsi le premier grain de blé enfoui dans le tombeau, passé par la mort et qui ressurgit dans la lumière de Dieu pour devenir source de vie.
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1 Jésus condamné. Tout est sombre autour de ce que nous pouvons imaginer être l’hostie de l’Eucharistie vue comme le pain offert, livré. Autour, les silhouettes sont menaçantes, armées de bâtons et d’épées. Les couleurs agressives forment la couronne d’épines de l’arrestation.***
2 Une coupe où bois mort et bois vert se confondent. Le pied, le support, c’est Marie. Les mains se tendent ou accusent. L’ombre du Christ porte la croix. Au centre est le grain de blé.
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3 Le Christ est tombé sous le poids du fardeau. Il reçoit sur lui ce qui blesse et fait mal. Là encore couleurs et formes agressent, menacent. Le rouge, le noir accablent. Le grain de blé est à terre.
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4 La montée au calvaire, difficile entre les personnages armés et les témoins compatissants, la présence de Marie impuissante. Les silhouettes en haut à gauche semblent indiquer le lieu où se rend la croix. La charge est épuisante. Une main secourable vient soutenir. Peut-être est-ce Simon de Syrène. Peut-être la silhouette à gauche du tableau est-elle celle de Véronique? Ou bien la nôtre ? En tout cas, le chemin semble s’élever vers la lumière.
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5 Marie est là qui porte tous ces événements comme elle porterait le monde. Le geste est toute tendresse. Ce sentiment est donné par les bras en rond. Tout est douceur. Marie est transpercée par l’épée comme l’avaient annoncé les Ecritures. L’épée transperce aussi le cœur du Christ. Quelqu’un prend peur et s’enfuit. La foule est partie. Le grain de blé est crucifié. L’eau jaillit et se répand sur le monde. Elle tombe triangulairement sur Marie dont la chevelure devient source. Le sabbat a lieu demain : on va vite descendre le corps de la croix.***
6 Il est trois heures. La nuit tombe sur la terre. Le rideau du temple s’est déchiré. La terre est un chaos. Formes et couleurs menacent encore mais déjà la croix semble s’élever vers la lumière, portée par une colombe qui s’élance vers le ciel.
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7 Pour tous les amis de Jésus, c’est la tristesse et le désespoir. Voilà, c’est fini. On a déposé le corps dans le noir. Il faut partir, s’en séparer, aller chacun de son côté. On avait cru, espéré. Mais non, tête baissée, il faut s’éloigner sans rien faire, sans parler. On laisse là, dans la terre, le grain de blé.
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8 Au matin c’en est fini des ténèbres et de la peur. Les femmes sont revenues au tombeau et Jésus n’y était plus. Pierre et Jean sont accourus. Ensemble ils lèvent les yeux vers le ciel où tout est lumière. Le grain de blé a quitté la terre noire. Sa lumière se répand sur le monde. Tout est joie et vie. Pour ceux qui sont là et ceux qui sont partis. C’est la résurrection. Mystère de la vie après la vie.
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Une visite privée de l’église peut être organisée sur rendez-vous.
ORIGINE DE QUELQUES NOMS
Plusieurs quartiers de Châteaubernard ont un très joli nom, témoin de leur histoire.
- Ainsi au XVII et XIIIème siècles, les Bénédictines de Cognac possédaient une importante métairie à la Combe : elle a donné son nom à La Combe des Dames.
- Ce sont sans doute les Guillet de Saint-Martin, propriétaires du fief du Grand Breuil, qui ont donné leur nom au quartier des Quillettes.
- L’Echassier ou les Chassiers signifie les chênaies.
- Une charte de 942 atteste que Châteaubernard fut bien avant l’an mil le siège d’une viguerie (juridiction administrative médiévale), probablement une maison forte située dans le quartier de Dizedon. Le mot « vues », demeure du viguier prononcé « gues », avec la terminaison « don », idée de hauteur, aurait donné la forme Guesedon devenue par la suite Dizedon.
Sites remarquables
grotte 1 de la Trache*
grotte 2 de la Trache*
voie romaine dit chemin Boiné (chemin de la Pallue)
dolmen de la Pierre Levée (de la Combe des Dames)
chapelle des Templiers XIIème
four banal XVIIIème
fontaine de l’Echassier fin XVIIIème
maisons des XVIII et XIX ème siècle
chemin des Zouaves
monument aux morts
nécropole mérovingienne*
anciennes pistes aéroportuaires allemandes
chapelle Sainte Thérèse
parc des cadrans solaires fin XXème
Parmi les autres sites remarquables, figurent la base aérienne 709 et l’usine Vérallia (anciennement Saint-Gobain).
* lieux fermés au public
Sources
Claude Burnez Bulletin de la Société préhistorique française 1962
Alain Lange Patrimoine de Châteaubernard 2002
Alain Lange Histoire de la commune
Pierre-Alain Dorange cognac-citoyen.blogspot.com 2009-2010
Anne-Maris Legras – Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem – Editions du CNRS – 1983
Josette Sureau – Manuscrit relatant l’histoire du chemin de croix de l’église de Châteaubernard 2017