Histoire

D’élaboration contemporaine, les armoiries de Châteaubernard rappellent la présence autrefois d’une commanderie.

Le blasonnement de l’écu est:

« De gueules au château d’or posé sur une campagne de sinople chargée d’une croix de Malte d’argent »

Si le toponyme « Castrum Bernardi » atteste une lointaine origine, il serait  audacieux d’affirmer qu’un castrum ou château a bel et bien existé à Châteaubernard car nous n’en avons aucune trace. En revanche, il est certain qu’au Moyen-Age le fief de Châteaubernard fut possédé par  une famille Bernard et qu’il abrita une commanderie appartenant à l’Ordre du Temple..

DE LA COMMANDERIE DES TEMPLIERS DE CHATEAUBERNARD…

La commanderie de Châteaubernard, une des plus anciennes possessions des Templiers de la région, existait probablement dès le XIIème siècle. Conservées aux Archives Départementales de la Vienne, cinq chartes datant de 1220, 1227, 1242, 1295 et 1297 nous livrent quelques détails sur cette période.

En 1118, Hugues de Pay’ens, Geoffroy de Saint Omer et sept compagnons d’armes proposent au roi Baudoin II de Jérusalem la constitution d’une milice religieuse et militaire destinée à  défendre la ville sainte et garantir la sûreté des routes aux pèlerins. Le pape les soutient  ainsi que le Concile de Troyes et Bernard de Citeaux leur rédige une règle.

L’idée est de fédérer les divers royaumes européens sous une haute autorité détenant un pouvoir moral et matériel lui permettant d’arbitrer les conflits avant qu’ils ne se déclarent et de maintenir ainsi une paix universelle profitable à tous les peuples, chrétiens, juifs et musulmans.

Puissance temporelle indépendante, non soumise aux autorités locales, le Temple jouit de la protection du Pape sans en subir la tutelle. En Orient, il traite directement avec les Sultans et les Emirs sans en référer au Roi ni au Patriarche de Jérusalem. L’Ordre protége certaines peuplades musulmanes dont il reçoit le tribut.

Bientôt la puissance et la fortune de l’Ordre suscitent la jalousie du roi de France Philippe le Bel.

Le 13 octobre 1307, le grand-maître et cent trente-neuf chevaliers sont arrêtés dans le palais du Temple à Paris. Philippe le Bel ordonne de se saisir de  tous les Templiers à travers le royaume.
Le 3 avril 1313, au Concile Général de Vienne, présidé par le pape Clément V, l’Ordre est définitivement aboli. Après des aveux extorqués sous la torture, quatre hauts dignitaires sont condamnés à la prison perpétuelle.
Parmi eux, le grand maître de l’ordre, Jacques de Molay, et le commandeur de Normandie, Geoffroy de Charnay, crient leur innocence: ils sont brûlés vifs.

Châteaubernard est cité de nombreuses fois dans les minutes du procès des Templiers, notamment lors du  fameux interrogatoire, daté du 9 mars 1311, de frère Pierre Thibault de Montignac, dernier commandeur de Châteaubernard.
Exécution de Templiers
Illustration extraite de De Casibus, de Boccace (XVe siècle)

Après 1313, Châteaubernard passe aux Hospitaliers de Beauvais-sur-Matha, commanderie très puissante qui recueille tous les biens des Templiers de l’ouest de la Charente. Ensuite la commanderie échoit à l’Ordre de Rhodes puis  à l’Ordre de Malte en 1523.

Le domaine de Châteaubernard est vendu comme bien national pendant la Révolution. Un cadastre du début du XIXe siècle montre la chapelle encore entourée de son cimetière. Rendue au culte vers 1845, elle devient église paroissiale en 1874.

De l’ancienne commanderie des Templiers de Châteaubernard ne subsiste donc aujourd’hui que la chapelle des Templiers.

 

… A LA CREATION DE LA COMMUNE DE CHATEAUBERNARD

La loi du 14 décembre 1789 substitue officiellement les communes aux paroisses.

La commune de Châteaubernard naît en 1789 suite à la loi du 14 décembre portant création de 44 000 communes dont la délimitation s’inspire très largement des 44 000 paroisses du Moyen-Age. En 1847 sa voisine, Saint-Martin, est partagée en deux: une partie est octroyée à Cognac, l’autre à Châteaubernard formant ainsi la commune de Saint-Martin-Châteaubernard. Vingt ans plus tard, Saint-Martin est réunie à Cognac et Châteaubernard redevient autonome.

CHATEAUBERNARD AUJOURD’HUI

Le visage de Châteaubernard, son  caractère spécifique ont été forgés par deux événements majeurs intervenus dans la vie de la commune.

  • C’est à l’initiative du maire de Cognac, Paul Firino Martel, qu’ en janvier 1938  le projet d’un vaste camp d’aviation se dessine à Châteaubernard. En juin 1940, lorsque les Français sont forcés d’évacuer le camp en cours de construction, les Allemands poursuivent les travaux pour leur compte. Le 31 décembre 1943, lors d’un raid magistral, les alliés bombardent le terrain causant d’importants dégâts. Les Allemands retapent sommairement les pistes d’envol puis s’emploient à tout détruire  lors de leur retraite en août 1944. Remis en état, le camp servira de base arrière aux raids aériens des forces alliées qui seront menés contre les poches ennemies sur l’Atlantique jusqu’en avril 1945.
    Devenu en 1961 la Base Aérienne 709,  c’est aujourd’hui un élément majeur de la Défense Nationale qui abrite l’Ecole de Pilotage de L’Armée de l’Air.

Lisez les témoignages de personnes qui ont vécu les années 39-45 à Châteaubernard

  • En 1963, l’implantation de l’ usine Saint-Gobain, avec son apport massif de population, sculpte le quartier de La Combe des Dames.

Particulièrement propice à l’installation d’entreprises et de commerces, la situation de Châteaubernard en banlieue de Cognac en fait une cité à la fois résidentielle et vivante : 250 entreprises artisanales, industrielles et commerciales sont établies sur son territoire, regroupées notamment dans les zones d’activités communautaires de la rue du Commerce, de la Trache, du Fief du Roy et du Mas de la Cour. S’y ajoutera bientôt celle de Bellevue.
Châteaubernard forme ainsi le plus grand parc commercial de l’agglomération cognaçaise.

Sources

Anne-Maris Legras – Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem – Editions du CNRS – 1983
Alain Lange Patrimoine de Châteaubernard 2002
Alain Lange Histoire de la commune

UN PEU DE GEOGRAPHIE

Située sur la rive gauche de la Charente, la commune de Châteaubernard couvre 1331 hectares  et  forme une vaste plaine avec un relèvement au Breuil (53m).

Elle est bordée au nord-est par le fleuve Charente et à l’ouest par la ville de Cognac. Les autres communes  limitrophes  sont Saint-Brice, Gensac-la-Pallue, Genté, Gimeux et Merpins.

Sa population est de 4006 habitants.